lundi 12 octobre 2009

Alice In Chains: "Would?" (1993, Dirt)



Comment expliquer que dans les environs de Seattle naquirent entre 1985 et 1990 une dizaine de groupes, dont les plus talenteux s´appelaient Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden et Alice In Chains, partageant pour l´essentiel une vision pessimiste de l´existence et une passion pour les sons de guitare bien lourds tout en exprimant un rejet vis-à-vis des codes metal alors en vigueur?

On a évoqué le climat pluvieux de Seattle, l´impact de la désindustrialisation, ou encore l´influence particulièrement fort de la drogue sur la jeunesse locale. Toujours est-il que de manière brutale la capitale de l´Etat de Washington devint l´épicentre du renouveau musical rock entre, disons, 1991 (sortie de Nevermind) et 1994-1995, années marquées par la mort de Kurt Cobain et l´essouflement des grandes formations locales après la sortie de plusieurs chefs d´oeuvre: SuperUnknown de Soundgarden (1994); Nevermind, donc, et In Utero (1993) de Nirvana; Ten (1991), Vs (1993), Vitalogy (1994) pour Pearl Jam; et Dirt (1992) et son plus discutable album éponyme sorti en 1995 pour Alice In Chains.



Dirt. Sans nul doute l´un des disques les plus déprimants de l´histoire du rock avec ses mid-tempos obsédants, ses thématiques morbides et les boucles vocales lancinantes de Layne Staley. Ce dernier tente d´exorciser son mal-être et ses démons les plus cachés au prix d´efforts vocaux parfois presque insoutenables. La dépendance de Staley à l´héroïne et à la cocaïne, jusqu´à son décès par overdose en 2002, rendait les tournées du groupe pratiquement impossibles. Les titres des morceaux comme Dirt, Down in a Hole, Junkhead, Hate to Feel ou Rain when I Die sont particulièrement explicites.

Pourtant, ce véritable enfer sonore déjà trop plein de certitudes sur l´inévitable tragédie qui vient, se conclut par un titre qui, par son point d´interrogation, semblait laisser comme un minuscule espoir.