samedi 19 avril 2014

Nine Inch Nails: "Eraser" (Downward Spiral, 1994)




Nine Inch Nails est le projet d'un seul homme, Trent Reznor, informaticien de formation et ingénieur du son, fondateur et seul membre permanent de la formation créée en 1988 à Cleveland. Si Cleveland est une cité industrielle de l’Ohio, on qualifie également en général le style musical développé par NIN d'industriel, ou indus. Dans cette famille, il s'agit de réaliser des expérimentations sonores en utilisant des sons non conventionnels. Si les premiers groupes indus avaient recours à des bruits de casserole ou de moteur, à partir du milieu des années 80 ces sons seront systématiquement triturés et régurgités par l'intermédiaire de l'informatique. Certaines formations en feront un usage radical et n'auront que peu avoir avec le rock'n'roll circus. Trent Reznor trouvera lui le savant dosage et vendra plus de 20 millions d'albums, dont 5 millions de son deuxième opus, The Downward Spiral, paru en 1994.

 Trent Reznor dans son home studio high-tech



Si le premier album de Nine Inch Nails, Pretty Hate Machine (1993) était prometteur par de nombreux aspects, il pêchait en revanche par son côté trop synthétique. Reznor change alors de cap et trouve tout de suite la bonne alchimie. L'EP Broken sorti fin 1993 fait office de ballon d'essai: c'est un succès critique et commercial. Dès lors, l'album suivant était attendu comme le messie dans tout l'underground américain: il convaincra bien au-delà et rentrera directement numéro 2 au Billboard. The Downward Spiral est un album brillant et profondément original, qui compte une bonne demi-douzaine de chefs d’œuvre. Malgré (ou grâce ?) à une esthétique sado-maso largement assumée ainsi que de nombreuses provocations anti-establishment, NIN devient un phénomène mainstream et les teenagers se passionnent pour « March of the Pigs », Closer » ou « Hurt », morceau repris plus tard par Johnny Cash.



« Eraser » est un morceau brillant à tout point de vue. L’intro nous donne à entendre le son d’un souffle répétitif à l’intérieur d’une sorte de flûte de laquelle ne sort aucune note de musique, ce qui contribue à créer une atmosphère particulièrement suffocante. Le morceau se développe ensuite autour d’une trame mélodique typiquement indus: martiale et ample. Quant au chant, il évolue d'un ton de comptine pour enfant à celui de BO d'un film d'horreur. Une expérience intense et un morceau emblématique pour un style musical toujours très largement underground qui ne refait surface commercialement qu'au maximum une fois par décennie.



Retrouvez NIN en concert en France en mai et juin 2014. Attention, le concert  du 29 mai au Zénith de Paris est déjà sold-out.