dimanche 22 janvier 2012

Depeche Mode : "World in My Eyes" (1990, Violator)


Beaucoup de choses écrites dans mon précédent post sur The Cure peuvent s´appliquer à Depeche Mode : à l´instar de la bande à Robert Smith, il s´agit à l´origine un groupe de banlieusards anglais qui rencontra un succès immédiat au tout début des années 80 alors que les membres du groupe avaient tout juste 18 ans. Comme The Cure, leur succès fut croissant jusqu´au début des années 90. Comme The Cure, plus de 30 ans après ses débuts, Depeche Mode existe toujours et jouit d´une grande respectabilité.
Mais si The Cure n´a quasiment jamais cédé a la facilité, chez Depeche Mode en revanche la tentation du tube, du strass et du show-biz a toujours été bien présente. Comme si ce nom, emprunté à un magazine de mode français, traduisait dés le départ une volonté d´être tendance, de ne pas trop se laisser isoler dans sa singularité. Ainsi, dès 1980 Depeche Mode a épousé un positionnement paradoxal et délibérément refusé de choisir entre crédibilité underground et succès mainstream. C´est ce qui fait à la fois la limite et le charme de ce projet qui a résisté à tout : aux successives vagues grunge, rock, néo-electro qui aurait à chaque fois pu les ringardiser, ainsi qu´à ses propres périls : la drogue bien sûr, mais aussi l´amitié à l´épreuve du temps et du succès.
Faisant de l´ambigüité et du paradoxe son credo, Depeche Mode se veut insaisissable, et y parvient. Si le cerveau du groupe, Martin Gore, a joué dès le début sur son ambigüité sexuelle, la véritable star est Dave Gahan, baryton à la trajectoire cahotique. Son exubérance sur scène contraste avec la froide sobriété des autres membres du groupe, directement inspirés par l´esthétique Krafwerk.
Violator, sorti en 1991, est peut-être l´album le plus abouti du groupe. En utilisant pour la première fois des guitares en complément de leurs traditionnelles trames mélodiques 100% synthétiques, le groupe trouva un nouveau souffle, conférant une dimension plus puissante à leurs noires compositions. Si "Personal Jesus", "Enjoy The Silence" ou "Policy of Truth" furent des tubes gigantesques, l´entame de l´album, la suite « World in my Eyes » / "Sweetest Perfection" constitue, dans un registre cold mais totalement habité, peut-être ce que Depeche Mode a composé de plus authentique. Et ce n´est pas Robert Smith qui me contredira.

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