Paradoxalement Iggy Pop est aujourd’hui plus connu que The Stooges, le
combo révolutionnaire qu’il a fondé à 20 ans en 1967 à Ann Arbor en banlieue de
Détroit et qui produira 3 albums d’anthologie de 1969 à 1973 avant de se
reformer au milieu des années 2000. Boudé a ses débuts autant par la critique
que le public, le gang du Michigan va devenir culte au fil des décennies.
Reconnu tout d’abord comme le vrai fondateur du punk (genre pourtant officiellement
né en Angleterre en 1977!), et du grunge (officiellement né à Seattle en
1990), The Stooges se révèlera être une source d’inspiration majeure pour des
artistes aussi importants que les Sex Pistols, Sonic Youth ou Nirvana.
Totalement avant-gardiste pour l’époque, la musique des Stooges combine
tempos rock, influences psychédéliques et blues, en y ajoutant une intensité
maximale, sexuelle et animale. Sur scène, Iggy choque ses contemporains par ses
multiples excentricités : stage-diving, auto-mutilation et exhibitionnisme,
étant, tout comme les autres musiciens du groupe très fortement dépendant à
l’héroïne. Si l’on rapporte que la moitié des titres du premier album
(« The Stooges », 1969) furent composés la veille de l’entrée en
studio, ils sont presque tous devenus cultes. I Wanna be your Dog, peut-être le premier morceau de heavy-metal de l’histoire, a été repris depuis par
des centaines de musiciens, y compris David Bowie, Nirvana, Slayer, Sex
Pistols, Joan Jett, Sonic Youth et Hole. Par ailleurs 1969, No Fun, Real Cool
Time sont aujourd’hui considérés comme de véritables chefs d’œuvre.
« Fun House », sorti un an plus tard, enfonce le clou avec 7
titres définitifs, dans la lignée du premier album. 1970, Down on the Streets
ou Loose sont devenus des standards, tout comme TV Eye, le pendant de I Wanna
be your Dog sur ce nouvel album. Un riff heavy-blues inspiré et entêtant asséné
jusqu’à plus soif, marié à une prestation vocale brute. Ultra-physique, organique,
voire orgiaque, c’est un titre emblématique des Stooges, proto-heavy et proto-punk.
43 ans avant que Motor City ne fasse officiellement faillite, de jeunes
prolos frustrés et déjà déglingués annonçaient à leur façon la fin du
taylorisme et de la production de masse, en tout cas pour la musique.
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