lundi 30 avril 2012

Killing Joke : "The Death & Resurrection Show" (2003)




Killing Joke est une bien curieuse chose, branchée sur courant alternatif depuis 1979. La quartette aurait tout à fait pu connaitre une trajectoire à la Depeche Mode. Comme leurs glorieux compatriotes, le gang de Notting Hill s´est fait connaître au tout début des années 1980, proposant un style immédiatement  identifiable, et bénéficiant rapidement du pouvoir de diffusion du vidéoclip. 

Au charisme de Dave Gahan répondait celui de Jaz Coleman, dont après plus de 30 ans de carrière, personne ne sait tout à fait s´il est réellement fou ou s´il en cultive seulement l´apparence. Celui qui prétend ne dormir que 2 heures par nuit et qui partage aujourd’hui´hui sa vie entre la Nouvelle-Zélande et Prague (après un exil islandais dans les années 80 pour échapper selon lui à un risque d´apocalypse nucléaire) se définit comme un expert en occultisme et mène en parallèle une carrière de compositeur pour orchestre. 

A son image, Killing Joke n´a jamais voulu se départir d´un certain hermétisme. Fascinée par les concepts, les logos, la numérologie et le symbolisme en général, la formation a gagné au fil des ans en épaisseur, intégrant progressivement à ses visuels et ses paroles des éléments mystiques et millénaristes. A tel point qu´il est impossible d´appréhender le travail du Joke si l´on n’admet pas que celui-ci est très directement la conséquence de l´angoisse de la fin du monde ressentie par ses membres.



Les premiers albums rencontrent tout de suite un certain succès car ils fusionnent l´énergie du punk, alors déjà en déclin, à une new wave aux thématiques inspirées, le tout brûlant dans des entrailles de distorsions sonores, ce qui deviendra la marque de fabrique du groupe.  Après trois albums particulièrement abrasifs (Killing Joke, 1980 / What´s THIS For… !, 1981 / Revelations, 1982) Killing Joke sort à la file trois gros classiques de la New Wave: Fire Dances, 1983 / Night Time, 1985 & Brighter than a Thousand Suns, 1986. La suite de la discographie sera plus chaotique, entre échec artistique et commercial complet (Outside the Gate, 1988) et pics de créativité les réconciliant momentanément avec leur public, tels le rituel et orientalisant Pandemonium (1994) et Killing Joke (celui de 2003). 

Ce second album éponyme, sorti 7 ans après Democracy, marque le retour du Joke le plus intransigeant. Intégrant Dave Grohl (Nirvana) à la batterie sur disque, (certains y ont vu la volonté de se faire pardonner d´avoir pompé l´intro de "Eighties" pour en faire "Come as You Are"), le travail est plus rythmique que mélodique. Des morceaux comme "The Death and Resurrection Show" portent en eux une menace non feinte et relèguent très loin les nombreuses formations néo-metal tentant de singer l´esprit punk des origines, sans en avoir les moyens. Une véritable leçon professée par un instructeur ici particulièrement sévère. 

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