dimanche 8 juillet 2012

Deep Purple: "Hungry Daze" (1984)


Si le nom Deep Purple est avec celui des Beatles, des Rolling  Stones et de Led Zeppelin parmi les plus populaires du l´histoire du rock, il le doit principalement à son tube « Smoke on the Water » ; ce morceau imparable, composé et enregistré en moins de 24h suite à la destruction partielle des bandes de leur nouvel album dans l´incendie du Casino de Montreux le 4 décembre 1971, contenant en effet le riff le plus célèbre du rock. Mais contrairement à ces autres prestigieuses formations, Deep Purple était depuis  le départ un projet lancé pour réussir, une entreprise imaginée et sponsorisée par le music business londonien, sans spontanéité aucune. Les musiciens avaient en effet été recrutés sur petite annonce en 1967, et s´étaient spécialisés dans les reprises (Beatles, Hendricks, Tina Turner…). C´est la sortie du premier album de Led Zeppelin début 1969, qui servira de déflagration. 

Le line-up de Deep Purple est alors totalement chamboulé par l´arrivée de Ian Gillan (chant) et Roger Glover (basse), qui impriment une nouvelle orientation hard rock. Ce line-up mythique (Paice/Lord/Glover/Gillan/Blackmore) livrera trois chef d´œuvre en trois ans: In Rock (1970), Fireball (1971) et Machine Head (1972) et obtiendra dans le même temps un succès commercial gigantesque. Et puis la bonne vieille histoire du rock´n´roll prendra le dessus: drogues, égos, dissensions, lassitude. En à peine deux ans, cette machine qui semblait indestructible s´essouffle puis se volatilise le 15 mars 1976 au terme d´un concert désastreux du côté de Liverpool. 



Milieu des années 80. Deep Purple est enterré depuis longtemps. Depeche Mode, Dire Straits et U2 les ont remplacés. Pourtant, en cet été 1984, du côté du Vermont, les membres du line-up mythique 1969-1973 se sont retrouvés et enregistrent dans le secret, l´album du revival. De fait, Perfect Strangers sera un retour gagnant. L´album, ramassé, ne contient que 8 titres, excessivement produits. Deep Purple y démontre un savoir-faire évident, parfois légèrement bourgeois, et pour sonner moderne sans se renier, parvient à encadrer les éléments constitutifs de sa fougue 70´s par une rythmique froide, presque martiale, tout à fait dans l´air du temps. Si les morceaux sont tous très bons, un seul est génial. 

« Hungry Daze » conclut l´album et peut-être aussi une époque. Mystérieusement, il échappe au formatage relatif des autres morceaux, et happe immédiatement l´auditeur pour le plonger dans la folie nostalgique et tourbillonnante de 1969. Littéralement un revival hipppie, ce morceau évoque un mode de vie qui n´avait plus cours chez Deep Purple depuis  longtemps en 1984 : la vie sur la route, la drogue, le sexe : c´est-à-dire les fondamentaux du rock. « Hungry Daze » ou la toute dernière éruption de colère du Pourpre Profond, qui ne remuera ensuite plus guère que de la cendre froide.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire